Pour faire suite à la diffusion du reportage de J.E. (19 octobre) sur les tactiques de certaines maisons funéraires pour faire augmenter le prix des funérailles, nous aimerions réagir et présenter le point de vue des coopératives funéraires.
Soulignons-le d’entrée de jeu, nous avons été choqués, mais peu surpris par ce reportage. Sans mettre tous les entrepreneurs de maisons funéraires dans un même camp, nous connaissons depuis trop longtemps ces stratégies d’exploitation du chagrin que pratiquent certaines entreprises funéraires.
Depuis les années 70, la vente à pression et le prix excessif des frais funéraires ont amené des groupes de citoyens partout au Québec à se prendre en main et à fonder des coopératives funéraires, afin de ne plus être à la merci des manipulateurs d’émotions.
Comme les coopératives appartiennent à leurs membres, elles ne subissent pas les pressions des actionnaires pour réaliser des profits. Chaque coopérative est administrée par un conseil d’administration local qui prévoit comment seront administrés les avoirs des membres. Comme ces personnes sont également des utilisateurs de la Coopérative, ils travaillent à déterminer une politique de prix juste pour tous les membres. À la fois comme décideurs et utilisateurs de ces entreprises, les quelque 300 administrateurs du réseau n’ont aucun intérêt à augmenter les prix dans leurs coopératives pour des objectifs de rendement maximum pour des investisseurs.
Par leur seule présence, les coopératives funéraires provoquent une régulation du marché. Elles exercent une influence déterminante sur les prix des services funéraires. Dans les régions où elles sont implantées, les coopératives funéraires font baisser le prix moyen des services funéraires par rapport aux autres endroits.
Une question de transparence
Notre action d’éducation auprès des membres fait également partie de nos priorités. Alors que la mort et les rites funéraires demeurent encore relativement tabous et secrets, nous croyons important d’éduquer les gens afin de leur permettre de prendre des décisions éclairées au moment du décès d’un proche. Voilà pourquoi nous proposons des conférences, des sites web détaillés et un magazine sur la mort et le deuil qui existe depuis maintenant 30 ans. Une partie significative des excédents financiers des coopératives est réinvestie dans des services de suivis de deuil, pour les familles.
Soulignons en terminant que notre réseau investit beaucoup dans la formation. Ces formations ne sont pas axées sur la vente, mais plutôt sur la réponse aux besoins des familles qui nous consultent, souvent dans un des moments les plus émotifs de leur vie. Outre la mission différente des coopératives funéraires axée sur le besoin des membres et d’une gouvernance menée par les utilisateurs des services funéraires, il n’y a aucune pression sur la vente de funérailles à prix toujours plus élevés. La rémunération des conseillers aux familles du réseau coopératif n’est pas liée aux montants des services qu’ils vendent. La valeur moyenne des funérailles dans le réseau des coopératives est de 4018 $ (2016).
Le réseau québécois des coopératives funéraires totalise plus de 200 000 membres dans 19 coopératives au Québec.
Outre les activités ouvertes et transparentes de l’Assemblée générale annuelle où les membres, avec des états financiers audités en main, questionnent et prennent des décisions pour leur coopérative, le réseau coopératif québécois organise depuis plusieurs années une journée porte ouverte afin de démystifier l’activité funéraire et outiller les gens face au deuil.
Source : Michel Lafleur, président
Fédération des coopératives funéraires du Québec