Un système économique est un système économique. Rien de plus. Rien de moins. Un système qu'on peut bouger, modifier, manipuler, même. Mais ce n'est pas une science exacte qui peut se réajuster toute seule.
George W. Bush avait pourtant voulu nous le faire croire dès 2001. Rappelez-vous son cri du coeur de l'après 11 septembre : il demandait aux Américains de continuer à consommer. C'était là la seule porte de sortie. Il fallait que le système tourne !
Au fil des ententes de libre-échange où seul l'aspect financier compte, nous avons sabordé notre économie en transférant, dans des centaines de cas, tout le volet de la production dans des pays où la main-d'oeuvre était moins dispendieuse. L'humain au service de la finance. Et non l'inverse. Notre économie en devenait une de services et de consommation. Rien pour générer grand-chose...
La seule mesure valable et acceptée des succès d'une entreprise, c'est devenu sa capacité de générer plus de profits. Toujours plus de profits. Satisfaire l'actionnaire. Point à la ligne. La responsabilité sociale en lien avec le sort de travailleurs sacrifiés sur l'autel du profit exagéré ? Rien à foutre. Tout ça est enrobé par un vocabulaire qui se renouvelle d'année en année : réingénierie, restructuration, rationalisation, etc.
En 2012, le constat est clair : le système financier n'arrive plus à se réguler. Pour ce faire, il faudrait hausser des taux d'intérêt, mais, voilà, le peuple n'a plus de marge de manoeuvre ! On se retrouve dans un cul-de-sac. Les marges de crédit personnelles sont gonflées, les cartes de crédit ne se remettent jamais à zéro, les divans du salon ne seront payés que dans trois ans et la voiture est louée ou sera payée dans sept ans... Hausser les taux d'intérêt, sur une période d'un an, de seulement 3 %, et c'est la catastrophe. Les faillites s'accumuleraient à un rythme fou.
J'entame ma quatrième année à la direction d'une entreprise coopérative. Et je suis surpris des résultats. Agréablement surpris : il est possible de donner un sens humain à une entreprise et demeurer profitable.
Faire du profit n'est pas un défaut ou une tare. C'est une façon d'assurer la pérennité de l'entreprise. Accumuler les profits pour le simple plaisir de le faire, ça devient un vice. Maintenant, je sais qu'il est possible de mettre, au centre de nos actions, des valeurs d'équité et de solidarité, et ce, sans mettre en péril le modèle économique de la coopérative.
Le modèle coopératif n'est pas une bibitte bizarre qui ne regroupe que des hurluberlus... C'est un modèle entrepreneurial qui se donne une mission, un plan d'action axé sur des valeurs qui favorisent l'idée d'une société juste.
On parle encore de la crise économique de 2008. C'est normal, elle n'est pas finie ! On fera dire aux statistiques les plus belles choses, il n'en demeure pas moins qu'on doit admettre cette espèce de faillite technique puisque, loin de faciliter la vie des gens qui y adhèrent, le système économique dans lequel on vit les emprisonne bien plus qu'il ne les libère...
En regardant autour de vous, vous verrez plusieurs entreprises coopératives. Intéressez-vous, minimalement, au modèle. Vous verrez, c'est un pas valable dans une direction tout aussi valable.
François Fouquet
Directeur général de la Coopérative funéraire de l'Estrie
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