L'économie mondiale vient de connaître une crise dont nous commençons à émerger. À travers les bilans de pertes d'emploi et de fermetures d'entreprises, des voix s'élèvent de plus en plus pour énoncer ce qui devient une évidence : les coopératives obtiennent des résultats économiques supérieurs à la moyenne des entreprises, elles ont un taux de survie plus grand et elles auraient moins souffert de la crise. Bien sûr, la crise les a touchées, mais elles disposent d'atouts spécifiques qui leur ont permis de moins souffrir.
Avec la crise du modèle capitaliste traditionnel, la formule coopérative est à nouveau regardée avec des yeux pleins d'espoir.
Dans un article paru en février dans Le Monde (Les coopératives résistent à la crise), on fait valoir que les coopératives de travail françaises ont mieux résisté que les autres entreprises à la crise. Alors que la plupart des entreprises perdaient des emplois, le secteur coopératif a accru ses effectifs. Du côté de la vente au détail, les coopératives françaises ont affiché une meilleure rentabilité que les autres formes juridiques : alors que les entreprises traditionnelles ont connu une chute de 0,3 % des ventes en 2009, les coopératives ont affiché une croissance de 4,9 %.
En Suisse, dans l'article L'esprit coopératif pour sortir de la crise, l'auteure fait valoir que ceux qui cherchent des modèles de gestion durable seraient bien inspirés de regarder du côté des coopératives suisses. « D'un point de vue historique, la coopérative traduit d'abord une idée libérale d'entraide : les commerçants, paysans et artisans se regroupaient pour acheter à meilleur prix les marchandises et obtenir des conditions de crédit plus favorables. Depuis 150 ans, tous les secteurs de la société se sont approprié cette idée. Les études révèlent que les périodes d'incertitude sociale voient la création d'un nombre particulièrement important de coopératives ».
Entre avril 2004 et mars 2008, 2000 emplois ont été créés au Québec par le mouvement coopératif. En ces temps économiques difficiles, les coopératives peuvent être une bouée de sauvetage pour plusieurs régions. « Il faut continuer de miser sur l'approche coopérative, qui a fait ses preuves », note Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, en soulignant que 409 coopératives ont été créées depuis 2004 et que leur taux de survie après cinq ans était supérieur à celui des entreprises traditionnelles.
Toujours au Québec, entre 1997 et 2007, le taux de croissance moyen de l'emploi était de 5,4 % dans les coopératives, et de 2,1 % dans les autres formes de structure juridique. Par ailleurs, le taux de survie des coopératives demeure nettement supérieur à celui des autres types d'entreprise : 44,3 % après dix ans pour les coopératives, et 19,5 % pour les autres types d'entreprises.
Il faut savoir profiter des crises et de la volonté de changement qu'elles suscitent pour construire un autre monde, souligne par ailleurs un collectif d'auteurs. « L'économie capitaliste doit croître pour survivre et ce modèle est dorénavant incompatible avec la réalité écologique et économique. Pour contrebalancer celle-ci, il faut encourager l'économie sociale, notamment les coopératives ». C'est, en résumé, la position de Jean-François Lisée, journaliste et directeur du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CÉRIUM), dans Imaginer l'après-crise, publié à l'automne 2009.
« L'économie sociale occupe présentement 15 % du produit intérieur brut (PIB) du Québec. Cette proportion est la même aux États-Unis ou en France », explique M. Lisée. L'économie sociale a la particularité de ne pas avoir une obligation de croissance et de rendement. Son activité économique doit absolument être socialement utile sous peine de n'avoir ni fournisseur, ni client. » Le directeur du CÉRIUM est ambitieux : il aimerait que l'économie sociale représente jusqu'à 60 % du PIB du Québec en 2060.
Haïti n'a pas le luxe de se questionner sur les impacts de la crise économique. Le séisme qui a ravagé le pays a causé des dégâts d'une ampleur incroyable. Cette catastrophe humaine exige en contrepartie une solidarité et une générosité rarement égalées de la part de tous les pays.
SOCODEVI et la Fondation SOCODEVI ont mis en place un fonds pour venir en aide aux coopératives touchées par le puissant séisme qui a secoué Haïti. Ce fonds permettra de soutenir les efforts de coopératives et les aider à reprendre leurs activités régulières. La population est invitée à faire un don en ligne en toute sécurité sur le www.socodevi.org (CanaDon) ou par la poste à l'adresse suivante : 850, avenue Ernest Gagnon, bureau 160, Québec, G1S 4S2.
Rappelons qu'en Haïti, 80 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Depuis 1986, SOCODEVI a accompagné des coopératives et des associations dans divers projets et dans différentes régions. Les coopératives ont grandement contribué à la réduction de la pauvreté, à la création d'emplois et à l'intégration sociale.
« À court terme, une aide humanitaire d'une envergure exceptionnelle est nécessaire, souligne le président de la Fondation SOCODEVI, monsieur André Lamothe. À moyen terme, il faudra aider le peuple haïtien à repartir la roue économique et ainsi lui redonner espoir en l'avenir, dans la dignité. »
Fondée en 1985, SOCODEVI (Société de coopération pour le développement international) est un réseau canadien d'entreprises coopératives et mutualistes dont le siège social est à Québec et qui partage son expertise technique et son savoir-faire avec ses partenaires dans les pays en développement.
La Fondation SOCODEVI, créée en 2005, recueille des dons afin d'appuyer financièrement des communautés locales et des organisations de type associatif (coopératives et mutuelles) qui se situent dans des pays en voie de développement.
Réjean Laflamme
Président de la FCFQ
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